« Les effets du changement climatique sur les peuplements forestiers se sont accélérés et intensifiés » : c’est le constat de la Cour des comptes. Dans le rapport annuel 2024, les magistrats consacrent un chapitre à l’état des forêts françaises et aux mesures pour la protéger. L’adaptation, la prévention et le regroupement des zones boisées sont autant de solutions évoquées. Tour d’horizon.
La forêt, marquée par les impacts du changement climatique
Les incendies qui ont ravagé près de 66 000 hectares de la forêt française, en 2022, ne sont que l’un des exemples cités par la Cour des comptes. Aux feux spectaculaires, il faut ajouter les attaques d’insectes, comme les scolytes, et les successions de tempêtes de plus en plus violentes. L’intensification et l’accélération de ces épisodes « ne permettent plus, comme par le passé, une adaptation naturelle » de la forêt, selon les magistrats. Si bien que les massifs sont plus vulnérables et que les essences forestières sont exposées à des risques qu’elles ne connaissaient pas jusqu’alors. Cela pourra modifier la façon dont les essences se répartissent dans les forêts françaises. Les auteurs du rapport estiment que le sapin pectiné ou le hêtre commun, par exemple, pourraient être moins nombreux dans les années à venir, alors que le pin maritime se développera.
Définir des nouveaux modèles et « encourager les regroupements forestiers »
Des dispositifs existent mais il faut les renforcer
« Les acteurs forestiers sont confrontés à des incertitudes sur les mesures à mettre en œuvre pour adapter la forêt », relève la Cour des comptes. Il existe différents dispositifs financés par l’État à la suite des assises de la forêt et du bois (2022) et à la loi du 10 juillet 2023 (prévention et lutte contre l’intensification et l’extension du risque incendies). Néanmoins, la Cour des comptes estime qu’ils sont encore insuffisants. Les moyens techniques et humains sont limités et le morcellement des propriétés ralentit aussi la mise en place d’aménagement ou l’implantation de nouvelles essences.
Bon à savoir : La diversification des essences est l’une des stratégies possibles pour atténuer les impacts du changement climatique. Cette méthode fait déjà partie des impératifs des Groupements forestiers d’investissement. Plus d’informations dans cet article “Dans quelles forêts investir ?”
Les modes de gestion et les outils doivent évoluer
En matière d’adaptation de la forêt, l’action publique doit passer « par une évolution des modes de gestion et de prévention », estiment les magistrats. Plusieurs pistes sont évoquées :
- Une modification des outils d’aménagement et de planification, comme les documents de gestion forestière (Plan simple de gestion par exemple), qui ne sont plus adaptés ;
- Une augmentation des regroupements de zones boisées pour augmenter la surface de forêt gérée de façon durable, en rapprochant forêt publique et forêt privée ;
- Une meilleure intégration du risque incendie dans les documents d’urbanisme et un renforcement des moyens de lutte contre les feux de forêt ;
- Ou encore une modification de l’actuel dispositif de régulation des cervidés.