Pour investir dans une forêt ou dans « de la forêt », il faut des connaissances importantes sur les espèces, la gestion et les modèles de revenus. Un investissement sur un temps très long où les erreurs peuvent peser lourd. Comme pour tout placement, des risques existent. Alors pour bien investir dans une forêt, voici 4 règles à suivre.
Choisir et diversifier les espèces
Toutes les espèces forestières n’ont pas le même rendement. Il y a pour cela plusieurs éléments à prendre en compte :
La rapidité de pousse et l’exploitation de la surface
- Un pin maritime sera bon pour l’exploitation à 50 ans, même si aujourd’hui la sélection génétique des espèces donne des arbres parfaits pour la coupe en 30 ou 35 ans. L’eucalyptus par exemple pousse beaucoup plus vite. Le temps de production d’un chêne (sessile ou pédonculé) peut atteindre plus d’un siècle. Même après 100 ans, un chêne pousse encore de quelques millimètres chaque année même s’il grandit plus vite à 15 ans évidemment.
- Les arbres ne demandent pas la même surface selon les espèces. Ainsi, un acacia pourra grandir dans un espace restreint alors que les chênes devront être espacés, une centaine de troncs par hectare seulement. Pour le pin maritime mais aussi le sapin qui prend beaucoup de place avec son feuillage, la densité va varier selon la circonférence des troncs. Il faut donc éclaircir les parcelles régulièrement. Pour le pin on va ainsi passer de 1300 arbres l’hectare à 300 quand les troncs mesurent 1 mètre de circonférence.
Le choix des espèces se fera donc selon la durée de vie nécessaire de l’arbre mais aussi son besoin en espace sur la parcelle. Le forestier professionnel doit résoudre cette équation en tenant compte aussi des frais de coupe et de plantation.
L’usage et la commercialisation de l’arbre
Le prix d’achat de vos bois est évidemment lié à l’espèce, sa densité, sa résistance, sa capacité de transformation. Du moins élevé au plus cher…
- Les pellets : il n’est pas nécessaire d’avoir de beaux troncs, droits. Les déchets d’une coupe seront suffisants pour produire le carburant des poêles à pellets.
- La pâte à papier : là aussi, le bois sera broyé et transformé. Inutile de prendre des essences nobles. L’industrie du papier recherche la cellulose contenue dans le bois.
- Le bois de chauffage : on brule dans les cheminées de nombreux stères (1m3) de chênes mais aussi dans certaines régions montagneuses du hêtre ou autres feuillus locaux. Il n’est pas recommandé de brûler des résineux même si, là aussi, dans les régions productrices, on va utiliser ce qu’on trouve près de chez soi pour se chauffer voire pour construire sa maison. Exemple, le pin dans les Landes.
- Le bois de scierie, de menuiserie : on va avoir une échelle de valeur selon l’usage. Du bois d’œuvre (coffrages bêton par exemple) à l’utilisation pour de la lutherie, le choix du morceau, de l’espèce et même de son temps de séchage vont faire le prix.
- La tonnellerie : grands utilisateurs de chênes, les tonneliers ont besoin d’arbres (des chênes) spécifiques pour réaliser leurs barriques.
- Les ouvrages d’art : on l’a vu avec la rénovation de la « forêt » de Notre Dame, les grands chênes sont rares et chers. Mais ils sont nécessaires pour réaliser des poutres faitières ou traversantes.
Le respect de la biodiversité
La monoculture peut avoir une incidence sur les sols mais aussi sur la faune et la flore locales. Il est donc souvent recommandé de planter plusieurs espèces d’arbres même si cela réduit un peu les capacités d’exploitation. On a aussi vu qu’une forêt aux essences multiples (feuillus, résineux mélangés) résistait mieux aux tempêtes parce que le courant d’air est freiné, cassé par les mouvements différents des arbres. Même chose pour les incendies avec des effets de ralentissement de la combustion.
Une forêt avec des sources de revenus multiples
Comme la forêt est un investissement de temps long, il est parfois nécessaire d’arriver à avoir des revenus d’exploitation qui ne sont pas liés directement à la commercialisation du bois.
L’espace est la première richesse d’une forêt. Dans un monde qui vit à 100 à l’heure, les grands espaces valent de l’or ! Pendant que les arbres poussent, on peut ouvrir les portes du terrain à de nombreuses personnes :
- Les chasseurs. Ils vont louer des hectares et souvent, ils vont entretenir les chemins.
- Les campeurs, les scouts : ils peuvent rechercher des lieux encore un peu sauvages. Moins il y a d’équipements, mieux c’est.
- Les stages de développement personnel : avec la montée en puissance du chamanisme, les séjours de relaxation en forêt se multiplient. Même si vous n’êtes pas investisseur dans la forêt de Brocéliande, vos hectares peuvent intéresser quelques apprentis druides.
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Connaître l’historique de gestion de la forêt
Si vous souhaitez acheter des parts d’une forêt ou d’un GFF (groupement foncier forestier) ou d’un GFI (groupement forestier d’investissement), prenez le temps de regarder l’historique de la gestion de ce patrimoine. Vous pouvez demander le plan simple de gestion mais aussi les audits des différents organismes départementaux et des labels. La traçabilité d’une forêt est un gage de sa bonne gestion.
Avoir accès à une information transparente
En complément de l’historique, il est important de vérifier auprès du gestionnaire (un particulier, un groupement, un fonds d’investissement) qu’il est transparent sur l’ensemble des éléments de ce patrimoine forestier. Par exemple s’il dispose bien d’assurances mais aussi des labels qui permettent de justifier les différentes déductions fiscales. Enfin que la gestion est opérée par des professionnels reconnus.